A propos de l’exposition « la contemplation de la flaque »

A un moment donné, il faut inciser, ouvrir, écarter les chairs.

A un moment donné, il faut cadrer, définir le champ opératoire.

A un moment donné, il faut y aller, se déplacer, s’approcher.

Au premier accident, j’y suis, je suis tout entier dans ce que je fais, je suis dedans, je ne cherche pas à cerner, je laisse rigoler la couleur, dégringoler l’édifice, s’affaisser ce qui prenait forme. Je ne sais plus ce que je fais, mais j’y vais, je n’arrête pas, la colère gronde, l’image se dresse devant moi, d’autant plus si ce qui vient agace.

Il y a un sale moment à passer, avant que ça jubile à nouveau. A tout moment, je le sais, ça peut foutre le camp, la bataille n’est pas gagnée, ça mange toute la surface. C’est alors le moment de se frayer un chemin, le moment précis où il me faut saisir l’éclaircie, la trouée.

Tout un monde dans la flaque, tout un monde qui s’organise et se ramifie. Tout d’un coup, ça silhouette, ça se découpe, ça se débine dans l’indistinct. Je reconnais des morceaux, je reconnais des moments. C’est tout cela qu’il faut remonter à la surface, je vais en perdre en route, pas de temps à perdre.

Un espace en mange un autre, une figure en gobe une autre. Restent un bras, une jambe, un œil, une croupe, un bris, une barbe, une ribambelle de marmots en lambeaux. Une tête en efface une autre. Une tête, autant dire une béance, une butée, ça y est, j’ai bu la tasse, j’ai bu la tête. Les joues mangées, les bords sont tout rognés.

Avant que l’espace ne se referme et n’engloutisse toutes ces figures, toutes ces bestioles, il faut s’arrêter, laisser sécher.

Bataille livrée, fantômes délivrés, la toile est roulée, la toile est tendue sur châssis, la toile est retournée contre le mur, la toile sort de l’atelier.

François Durif

Texte écrit au sortir de l’atelier de Marine Joatton le 20 mai 2009

« Die welt » au sujet des bêtes de Marine Joatton

(…) Oui, parce qu’ en dépit de tout le discours ambiant  sur la crise et du tropisme  récessif  Viennois, quelques pièces sont passées des cimaises aux murs des salons. Ou bien à tout endroit où le collectionneur trouve à caser ses proies. De fait, on est fondé à parler de proies, puisque la foire proposait un certain nombre de chimères – de Deborah Sengl, Marine Joatton (…) en rayon. Les créatures fantastiques sont dans l’air du temps. Constituent-elles une tentative de matérialiser la constante et toujours croissante angoisse face à l’énigme du réel ?

Extrait de « Parade der Jungen Kunst in Wien » (PDF)
par GERHARD CHARLES RUMP 16. Mai 2009

Traduit par Eléonore Espargilière

Ligne à ligne, Jakarta

05 mai 2009  – 16 mai 2009

Dans le cadre du Printemps français en Asie, Marine Joatton participe à l’exposition Ligne à ligne  au musée national de Jakarta (Indonésie) .

jak

L’exposition réunit les travaux de Clément BAGOT Arnaud BEHAR Sabine BOQUIER Aliki BRAINE Laurence CATHALA Isabelle CORNARO Baptiste DEBOMBOURG Anne DEGUELLE Rodolphe DELAUNAY Mounir ELALOUSSI Nathalie ELEMENTO Marine JOATTON Elanit LEDER Guillaume LINARD-OSORIO Marko MAETAMM Dan MU Olivier NOTTELET Françoise PETROVITCH Charlotte PUERTAS Keyin QU Shanta RAO Julien ROUX Jean-Jacques RULLIER Lionel SABATTE Sammy STEIN Jeanne SUSPLUGAS Claire TROTIGNON Adrien VESCOVI Brigitte ZIEGER Annabela TOURNON