Philippe Dagen – Le monde – à propos de l’exposition « la contemplation de la Flaque »

Article publié dans Le monde daté du 12.09.09

Jusqu’à maintenant, Marine Joatton, 37 ans, avait presque exclusivement montré ses étranges dessins et pastels fourmillants, habités par des créatures hybrides et incomplètes agitées d’une vie impossible et visiblement dangereuse.

Elle expose aujourd’hui quelques grandes toiles, et la surprise est certaine : la construction est aussi claire, les formes aussi nettes qu’elles étaient insaisissables auparavant. Deuxième étonnement : cette simplification du dessin n’enlève rien de son étrangeté à sa création.

La relation entre l’espèce humaine et les autres mammifères est toujours aussi étroite et aussi énigmatique.

Dans un paysage réduit à un pré et un énorme rocher, un enfant chauve a des oreilles d’âne et un autre une auréole de saint et un corps de tigre des neiges. Ils ont l’air inquiet, peut-être à cause d’un renard géant. Un autre enfant semble se dédoubler en éléphant transparent.

Tout cela a un côté fable, mais fable déréglée, sans logique ni morale. Les toiles sont ainsi laissées à la libre interprétation du visiteur, fort décontenancé par tant d’évidence parfaitement incompréhensible.

Philippe Dagen

« Die welt » au sujet des bêtes de Marine Joatton

(…) Oui, parce qu’ en dépit de tout le discours ambiant  sur la crise et du tropisme  récessif  Viennois, quelques pièces sont passées des cimaises aux murs des salons. Ou bien à tout endroit où le collectionneur trouve à caser ses proies. De fait, on est fondé à parler de proies, puisque la foire proposait un certain nombre de chimères – de Deborah Sengl, Marine Joatton (…) en rayon. Les créatures fantastiques sont dans l’air du temps. Constituent-elles une tentative de matérialiser la constante et toujours croissante angoisse face à l’énigme du réel ?

Extrait de « Parade der Jungen Kunst in Wien » (PDF)
par GERHARD CHARLES RUMP 16. Mai 2009

Traduit par Eléonore Espargilière